À votre service : chapitre 15


Bonjour à tous !

En ce jour neigeux, voici de quoi vous réchauffer le cœur : le chapitre 15. Nous arrivons enfin à la rencontre entre Camille et des amis de Valentin et... elle ne laisse personne indifférent !

Bonne lecture !

© Jordane Cassidy - 2018


 

 

15

“Le soleil ne se lève que pour celui qui va à sa rencontre.”

De Henri de Saux


 

Lorsque Camille entendit la porte d’entrée s’ouvrir, elle se dépêcha de se lécher les doigts, puis de les essuyer afin d’aller accueillir son patron. Elle venait à peine de finir sa pâte à crêpes et se réjouissait déjà de voir son sourire en sachant que la moitié du travail était fait. Quelle ne fut pas sa surprise en voyant qu’il était accompagné.

— Bonsoir… dit-elle alors, sur la réserve.

— Bonsoir ! lui répondit Valentin avec panache.

Son invité la salua, mais Camille sentit un malaise lui traverser l’échine lorsqu’il esquissa un petit sourire entendu à Valentin Duval.

Voilà le quart d’heure « je te juge, tu me juges ! ». OK… Merveilleux !

— Mademoiselle Bonin, je vous présente mon collègue de travail et ami, Ambroise.

 Ambroise s’avança en lui proposant sa main.

— Enchanté ! fit Ambroise derrière ses lunettes donnant un côté strict et un peu effrayant pour Camille, si bien qu'elle eut du mal à lui dire « moi de même » tant elle aurait préféré se tenir à l’écart, dès fois que…

— Ce soir, j’ai aussi un autre ami qui vient. Nous avons une soirée foot à la TV. J’ai complètement zappé de vous le dire ! Désolé.

Camille le dévisagea comme si on venait de lui annoncer la plus terrible des nouvelles.

— Ça veut dire qu’il y a plusieurs couverts à ajouter ce soir ? Alors, ce que j’ai prévu pour souper tombe à l’eau ! Il n’y aura jamais assez pour tout le…

Valentin lui posa son index sur son front pour qu’elle calme son vent de panique et l’écoute.

— On fait une soirée pizzas/bières. On commande ! Tout est sous contrôle.

— Oh… fit Camille qui se calma instantanément tout en louchant sur l’index appuyant son front.

— Oui… Vous pouvez respirer ! ajouta-t-il avec un clin d’œil pour mettre en pratique les conseils de la miss. Pas de panique ! Tout va bien. Votre code déontologique est toujours intact.

Ambroise regarda Valentin et Camille avec intérêt. Il ne pouvait contester l’envie de bien faire de Camille, ni cette sorte d’osmose lorsqu’ils se parlaient. Une entente douce ressortait. Chacun s’inquiétait pour l’autre, mais avec cette tranquillité qui assurait une confiance entre eux presque indéfectible. Ambroise ne trouvait pas Camille trop moche. Ce n’était pas un canon de beauté comme l’était Cassandre, mais elle avait un charme certain. Il n’aurait su dire en quoi. Elle avait simplement une bonhomie naturelle qui la rendait sympathique. Une délicatesse dans son regard, une amabilité dans les expressions de son visage, une quiétude dans ses intentions dégageant une certaine pureté.

— Que dois-je faire dans ce cas ? demanda-t-elle, un peu perdue devant ce type de circonstances imprévues.

— Commencer par se détendre ! lui déclara Valentin, amusé de chambouler ses habitudes.

Valentin invita Ambroise à s’installer sur le canapé du salon.

— Peut-être avez-vous soif ? s’empressa de demander Camille, n’aimant pas ce nouveau statut de pot de fleurs.

Valentin lança un nouveau regard de connivence à Ambroise.

— Non, ça ira, Mademoiselle Bonin. Mon autre ami vient avec des bières. Nous boirons à ce moment-là.

— Bien…, fit Camille, déçue. Dans ce cas, je vais sortir les couverts et assiettes pour les pizzas.

Valentin retint son rire dans sa gorge alors qu’Ambroise dévisageait Camille comme s’il voyait une extra-terrestre. Son besoin de se rendre utile dépassait l’entendement.

— Pas la peine ! répondit Valentin, ayant de plus en plus de mal à cacher son humeur badine avec elle. On mangera avec les mains.

Camille grimaça, peu convaincue sur le côté pratique revendiqué de son patron et n’aimant pas finalement être reléguée au rang de piquet inutile.

La sonnerie de la porte retentit alors. Camille se précipita vers l’entrée, mais Valentin la retint rapidement par la main.

— Laissez ! J’y vais !

— Mais ! protesta Camille, impuissante.

Sans attendre, Valentin ouvrit et accueillit Séverin.

— J’espère que tu as pensé à prendre une pizza aux 4 fromages ! s’enquit de lui rappeler Séverin, en entrant sans faire de grandes salutations.

— Ouais, ouais…

— J’ai pensé aux bières. J’ai pris deux sortes différentes pour varier…

Séverin stoppa net sa progression à la vue de Camille.

— … les plaisirs ! finit-il par dire avec un grand sourire. Salut, Bébé !

Ne souhaitant s’embêter des présentations de Valentin, Séverin s’approcha de Camille avec un air séducteur.

— Séverin, ami d’enfance de Valentin. Dois-je présumer que vous êtes celle qui remplace Gigi ?

Camille trouva l’approche assez séductrice de Séverin à la fois mignonne et drôle.

— Je suis Camille, oui ! Je travaille effectivement pour Monsieur Duval.

— Camille… C’est vrai. Une charmante jeune femme avec un prénom commençant par un C. ! s’extasia Séverin, déjà conquis.

Valentin s’approcha d’eux pour tenter de calmer la bête en rut.

— Val, tu as choisi une bonne recrue ! lui déclara son ami, texto.

— Oui, et elle est là pour le travail, pas pour te divertir ! lui répondit Valentin en lui faisant de gros yeux tels un avertissement.

Séverin lui donna les bières comme si sa menace silencieuse ne l’avait pas atteint et passa son bras sur les épaules de Camille.

— Alors Camille… Comment ça se passe avec Monsieur « rabat-joie » Duval ?

Camille pouffa en entendant le terme « rabat-joie », si familier à ses yeux pour qualifier par moments son boss.

— Très bien ! fit-elle avec un grand sourire.

— Bien ! Si ça ne va pas, faut me le dire ! Je peux vous embaucher chez moi ! On est fait pour s’entendre en plus, votre prénom commence par un C !

— Ah ? Et ça fait quoi ?

Valentin regarda les deux comme si cette rencontre n’était pas la première ; tout semblait aller de soi entre eux. Ambroise se mit à sourire en voyant le cinéma de Séverin commencer.

— Ça fait que c’est important pour moi ! J’ai constaté au fil des années que seules les femmes ayant un prénom commençant par un C. m’étaient bien plus favorables que les autres ! Tout est tellement plus facile avec ces femmes ! soupira-t-il alors, comme le seul salut possible à son enfer permanent. Val ne veut pas me croire, mais mes statistiques le prouvent ! Meilleures en tout ! Les pires sont celles commençant par un L. ! Que des cruches ! Je n’y arrive pas ! C’est rédhibitoire ! Brrr ! Beurk !

Camille se mit à rire devant la thèse aussi improbable qu’elle semblait justifiable pour Séverin.

— J’ai donc beaucoup de chance ! Ma mère voulait m’appelait Lucie ! C’est mon père qui s’est battu pour que je m’appelle Camille ! Au départ, ils pensaient même que j’étais un garçon à l’échographie. J’ai échappé à un destin funeste finalement !

— Tout à fait ! Un prénom peut changer une existence ! confirma Séverin.

Ce dernier se tourna vers Valentin, ravi.

— Je suis amoureux ! lui déclara-t-il alors, comme si des ailes lui poussaient dans le dos. Tu veux bien me la prêter ?

Ambroise se mit à rire devant son sketch et la facilité naïve avec laquelle Camille tombait dedans pour le satisfaire dans ses théories farfelues.

— Trouve-toi ta propre gouvernante ! Elle est à moi ! lui répondit Valentin, sur un ton plus possessif qu’il ne l’aurait voulu.

— Mais je ne sais pas recruter, moi ! se mit à geindre son ami d’enfance.

— Allez ! Arrête de te plaindre, Sèv ! le coupa Ambroise. Balance les bières, Val ! J’ai soif !

Valentin posa les bières sur la petite table du salon et Ambroise n’attendit pas le service de Camille pour s’abreuver.

— Viens Camille ! l’invita Séverin. Assis toi à côté de moi !

Séverin claqua la main d’Ambroise pour le saluer brièvement tandis que Camille se montra hésitante.

— Je… Je ne suis pas là comme invitée de la soirée.

Séverin toisa Valentin comme le malotru sans cœur qui pourrissait ses plans.

— Mais si ! C’est moi qui t’invite et si l’autre grand dadais fait une remarque, je l’assomme !

Camille sourit avec tendresse à sa bienveillance qui lui faisait chaud au cœur. Elle n’aurait jamais songé à un si bel accueil.

— Monsieur Duval ne mérite pas un tel traitement. Je suis là pour m’occuper de lui et l’aider. Je ferais une piètre employée si je venais à être complice d’une attaque à son encontre… même si l’envie m’a déjà traversé l’esprit !

Elle lança un regard un peu plus dur tout en fronçant le nez à son patron, lui remémorant leurs désaccords antérieurs.

Valentin y répondit par une même grimace qui étonna aussi bien Séverin qu’Ambroise, ne s’attendant pas à ce type de familiarité soudaine entre eux. Valentin bomba son torse finalement, toutefois enorgueilli par la fidélité de Camille à son égard.

— Elle est parfaite ! murmura Séverin, en admiration. Je veux la même !

Ambroise leva les yeux de consternation, bien qu’il puisse admettre qu’il y avait de quoi être surpris, aussi bien par Camille que par l’attitude en réponse de son ami.

— Aimes-tu la bière, Camille ? demanda alors Séverin, avec un nouvel intérêt pour la jeune femme.

Camille se mit à rougir, gênée d’être autant au centre de l’attention. Elle jeta des regards inquiets à Valentin qui resta debout et ne sembla pas montrer une grande hostilité à ce qui se passait.

— Je… Je bois très peu d’alcool… Je n’ai pas l’habitude de faire la fête ou me poser pour déguster ce genre de boisson.

— Val, j’ai envie de l’embrasser ! fit alors Séverin, avec désir. Elle est trop mimi !

Il contempla à nouveau Camille avec joie.

— Eh bien, c’est ta soirée, Camille !

Il attrapa une bière et lui tendit.

— Je suis en service ! fit Camille, très gênée. Je ne peux pas boire alors que je suis en plein travail !

L’air paniqué de la jeune femme fit sourire une fois de plus Séverin.

— OK, je te donne ta soirée en repos ! fit-il, magnanime.

— Ce n’est pas à vous de me le donner ! répondit alors Camille sur la défensive. Vous n’êtes pas mon patron !

Séverin et Ambroise tournèrent simultanément leur attention sur Valentin, l’heureux élu et dépositaire du droit de jouir de sa servante comme bon lui semblait. Valentin comprit vite qu’il avait ce pouvoir grisant de vie ou de mort de la soirée de Séverin. Un moment si gratifiant où il pouvait embêter son ami, mais aussi décider de l’avenir de cette soirée pour tout le monde. En vérité, il était tout aussi curieux que ses amis à vouloir connaître un peu mieux encore Camille, même s’il savait le risque dans lequel il fonçait, sans protections.

— Je peux rester ici sans boire de bière… déclara Camille avec sincérité. Je ne suis pas là pour m’amuser. C’est mon travail d’être ici. Mais ma présence reste toujours parmi vous !

Séverin montra une mine déçue, bien qu’il puisse comprendre son dévouement à son travail. Devant l’air contrarié de son ami, Valentin soupira. Tranquillement, il alla récupérer quelque chose à la cuisine, puis revint sous le regard intrigué du reste du groupe. Il attrapa la bière que Séverin voulait donner à Camille et la décapsula à l’aide du décapsuleur pris dans le tiroir de la cuisine. Il la tendit ensuite à Camille.

— Même si vous êtes en service, je vous autorise à en boire une pour accompagner cet idiot qui va nous faire un flan toute la soirée sinon.

Camille regarda la bière avec intérêt, puis Valentin sans trop savoir si le fait de l’accepter était une bonne idée. Elle accepta finalement de la prendre pour ne pas paraître ingrate face à l’accueil de chacun.

— Parfait ! fit Ambroise. Passons aux choses sérieuses : le foot !

Valentin vint s’asseoir avec eux et tous trinquèrent à la soirée foot et Séverin plus particulièrement à sa rencontre avec la délicieuse Camille.

 


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