AVS2 – chap 4

Et nous voilà  avec le chapitre 4 ! Avouez que l'arrivée d'un rival à Valentin vous plaît ! ^^ Allons découvrir Thomas.

© Jordane Cassidy - 2020

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4

 

"Il est rare d'aimer sans avoir de rival."

    Pierre-Claude Nivelle de La Chaussée - Mélanide (1741)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

— Tu le connais, Val ?

Cassandre ne cacha pas sa surprise.

— Non ! Mais je ne sais pas, je suis presque certain que c'est lui.

— Lui qui ? Son frère ? Son petit ami ?

— Son ex.

Le ton fataliste de Valentin surprit une nouvelle fois Cassandre. Sans plus de détails, Valentin mit fin à leur conversation et se dirigea d'un pas conquérant vers Camille et l'invité-surprise. D'emblée, il n'aimait pas cet échange de regards entre les deux supposés ex. Il y avait du bonheur, de l’excitation, du vécu dans les yeux de l'homme qui la regardait. Ceux de Camille brillaient malgré son visage marqué par cette visite inattendue. Si sa posture présentait une certaine attitude défensive, son regard semblait plus tendre. L'irruption de Valentin dans la bulle qu'ils avaient instinctivement créée stoppa net les interrogations de Camille sur sa présence.

— Bonsoir ! fit Valentin, d'un ton grave.

Camille regarda Valentin avec étonnement.

— Bonsoir ! répondit l'homme, de façon sereine.

Valentin ne put s'empêcher de glisser les mains dans ses poches alors que tout homme poli aurait présenté sa main pour un salut courtois, puis aurait décliné son identité. Il se contenta de le toiser, puis de sourire.

— Vous vous êtes perdus ? continua Valentin, d'un air narquois. Si vous cherchez l'entrée de l'autoroute, c'est à cinq kilomètres après le rond-point, au bout de la rue !

Fier de sa tirade, Valentin attendit patiemment la réponse de son interlocuteur qui sourit alors.

— Je ne suis pas perdu. Merci. Au contraire ! Je connais très bien cette ville et surtout le chemin tout tracé vers votre employée. Je m'appelle Thomas. Je suis son petit ami.

Valentin lâcha un semblant de rire sarcastique devant l'aplomb de Thomas.

— Son petit ami ? Vraiment ? Camille n'a plus de petit ami !

— Je vois que ta relation avec ton boss est bonne, Cam ! fit alors remarquer Thomas à la jeune femme, tout en réalisant que son patron était très protecteur avec elle. Il te nomme par ton prénom et connaît ta vie privée... C'est bien ! Tu t'es vite fait accepter !

Le regard doux de Thomas pour Camille agaça davantage Valentin. Il répondait à ses attaques indirectes par une intimité avec Camille indéniable dans laquelle il n'avait pas sa place. Cette dernière sourit à ses mots bienveillants.

— Oui, on a appris... à se connaître.

Elle repensa alors aux occasions où son patron et elle s'étaient permis un tutoiement et réalisa alors l'attitude inhabituelle de Valentin à agir ainsi devant tout le monde. Il l'a nommée par son prénom et non son nom de famille.

— C'est vrai... répondit alors Thomas à Valentin. Nous avons rompu il y a quatre ans, mais elle est restée mienne ici.

 

De son pouce, il indiqua à Valentin sa poitrine, et plus précisément son cœur. Valentin fixa son pouce sur son torse et s'imagina l'écraser sèchement de la paume de sa main, faire de la charpie de tout cela, pour que son organe vital ne puisse plus battre pour sa gouvernante. C'était un sentiment de jalousie pure. Il en était conscient, mais c'était plus fort que lui. Et ce qui l'énervait le plus était la réaction attendrie de Camille à ses mots. Elle gobait tout sans méfiance.

Cassandre vint les rejoindre, ne souhaitant pas être mise à l'écart plus longtemps du potin le plus croustillant de la soirée : l'ex de Camille Bonin.

— Bonsoir ! fit-elle, tout sourire, tandis que celui de Valentin avait disparu.

— Bonsoir ! répondit Thomas.

— Je suis Cassandre, la petite amie du patron de Camille.

— Enchanté ! lui dit Thomas, tout en lui proposant sa main qu'elle accepta de serrer sans crainte. Je suis Thomas, le chéri de Cam !

Cassandre hocha la tête à la fois ravie de la confirmation de son identité et du lien qu'il disait avoir avec Camille.

— Je suis malpolie ! s'alarma alors Camille qui réalisa qu'elle se devait de faire les présentations et qu'elle avait failli à son devoir. Thomas, voici Valentin Duval.

— Je sais, Cam. J'ai eu son nom avec son adresse, tu sais.

— Ah oui... Je n'y avais pas pensé !

Thomas se mit à rire.

— Tu es toujours aussi tête-en-l'air ! Je te l'ai toujours dit, de réfléchir avant de parler.

Il tapa du poing sa caboche et elle grommela comme si cette remarque était restée aussi une habitude pour elle. Valentin plissa les yeux en voyant le geste affectueux, taquin, de Thomas. 

Lui aussi, il a ce type de geste avec elle ?

— Et donc, coupa Cassandre, c'est Camille qui vous a guidé jusqu'à nous ?

— Non ! Ce sont ses parents !

— Mes parents ?! s'exclama Camille, encore une fois surprise.

— Ça m'a fait plaisir de revoir Marie et Michel. Il n'y a qu'eux qui pouvaient me dire où tu étais. Ton père était un peu bougon de me revoir - et je ne peux en rien lui reprocher d'être inquiet de ma venue ! -, mais ta mère a eu un comportement totalement à l'opposé : elle m'a absolument forcé à manger avec eux en réponse à ma venue impromptue. C'est vraiment une personne adorable. Après tout ce temps et notre séparation compliquée, ils restent très accueillants.

— Tu... tu as mangé avec eux ?! répéta Camille, les yeux comme des soucoupes.

— C'est ce que je viens de dire ! C'est pour cela que je n'arrive que maintenant ici.

Valentin serra ses mains dans ses poches. La familiarité évidente qu'il affichait avec Camille et sa famille le blessait. L'homme était clairement en terrain conquis. Au point d'appeler les parents de cette dernière par leur prénom... Plus il observait Thomas, plus il comprenait pourquoi Camille restait sensible à leur relation, même quatre ans après. Ils avaient vraiment fait un bout de vie ensemble. Thomas la connaissait par cœur. Leurs échanges de regards dévoilaient une intimité bien particulière entre eux.

— Tes parents m'ont raconté ce que tu avais fait pendant ces quatre ans... et moi, je leur ai également dit ce qui m'avait motivé durant cette séparation. Je suis content de pouvoir enfin te revoir, Cam.

Camille baissa les yeux et rougit.

— Je suis contente aussi de voir que tu vas bien.

Thomas regarda alors Valentin et Cassandre avec espoir.

— Est-ce que cela vous dérangerait si je vous emprunte Camille, ce soir ?

La mâchoire de Valentin palpita de rage. Il voyait immédiatement ses intentions : une soirée ensemble, et c'était le retour assuré du couple. Thomas était bien trop séducteur pour une simple visite de courtoisie.

— Elle avait prévu de regarder Angélique, épisode trois ! commenta Valentin, comme unique argument de refus.

— Bien sûr ! fit Cassandre. Nous devions dîner en amoureux. Elle est toute à vous !

Valentin dévisagea Cassandre comme si elle venait d'énoncer la plus grosse énormité au monde. Malheureusement, il ne pouvait rien protester. Il ne pouvait qu'accepter. Il avait après tout rejeté Camille. Quelle légitimité avait-il ? Il devait à présent assumer. Sa jalousie et son inquiétude devaient rester silencieuses.

— Elle avait déjà pris congé de nous. Faites ce que vous voulez...

 

Résigné, Valentin tourna les talons et les planta sans ajouter un mot ou plus. Cassandre resta au milieu du couple avec la drôle d'impression de voir Valentin mal accepter l'arrivée de Thomas. Elle leur sourit pour donner le change, mais elle n'aimait pas la froideur de son petit ami à leur égard.

— Bien... Amusez-vous bien ! leur dit-elle alors poliment.

— Ne vous inquiétez pas ! lui répondit Thomas. On a beaucoup de choses à se dire !

Thomas attrapa la main de Camille et la tira vers lui.

— On y va ? Tu connais Angélique par cœur !

— Attends ! s'écria Camille. J'ai un gilet et mon sac à prendre. Je ne peux pas partir comme ça.

— Va vite les chercher !

— Mais on va où ?

— Surprise !

Camille grimaça et finalement se décida à aller chercher ses affaires au studio.

— Vous semblez très heureux de la revoir... constata Cassandre.

— Effectivement, ça fait longtemps que je prépare ce jour. Camille et moi, on se connaît depuis toujours. On a eu des moments difficiles qui nous ont poussés à rompre. Mais aujourd'hui, ces difficultés m'ont permis de construire un avenir plus radieux. Si nous avons rompu autrefois, c'était à contrecœur. Nos sentiments n'étaient pas la cause de notre séparation. J'ai toujours aimé Camille et je suis revenu ce soir lui prouver. Nos quatre années loin l'un de l'autre n'ont pas été vaines de mon côté. J'ai toujours agi en pensant à de futures retrouvailles.

— Vous semblez sûr de vous et des sentiments de Camille pour vous. Qui vous dit qu'elle n'a pas rencontré un autre homme depuis, dont elle soit tombée amoureuse ?

Thomas regarda au loin.

— J'y ai pensé tous les jours. C'est une angoisse constante que j'ai tenté d'oublier. Mais contre toute attente, je continue de croire en nous. Un peu comme des âmes sœurs que le temps finit par réunir à nouveau, quoiqu'il arrive.

— C'est très beau, ce que vous dites.

Thomas se mit à rire, un peu gêné.

— Ouais ! Venant d'un homme, ça peut surprendre, mais Camille vaut tout ce discours.

Cassandre le considéra un instant. Elle repensa à Valentin, Séverin ou Ambroise et leur attitude conquise, admirative, concernant Camille. Elle ne comprenait pas ce qui faisait que cette femme était différente, exceptionnelle. Quelque part, elle était heureuse de voir l'arrivée de cet homme. Il allait l’éloigner de sa vie avec Valentin et mettre une distance supplémentaire entre Camille et son petit ami

 

Camille revint vers eux, un peu essoufflée.

— C'est bon ! Je suis prête !

— Bon, eh bien je vous laisse ! fit Cassandre, poliment. Passez une bonne soirée !

— Elle est déjà bonne ! commenta Thomas. J'ai Cam devant moi !

Thomas jeta un regard tendre à Camille qui baissa à nouveau les yeux, gênée. D'un signe de tête, il remercia Cassandre et n'attendit pas plus longtemps pour tirer Camille hors de la propriété. L'enthousiasme de Thomas rendit presque Cassandre jalouse.

— Cet homme semble très amoureux...

Elle repensa alors au comportement général de Valentin avec elle et soupira.

— Non, tout va bien aussi pour moi...

 

 

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