AVS2 – chap2

Coucou !

Alors ? On est déjà prêt à lire ce second chapitre ? Tu as bien raison ! Valentin et Camille vont enfin se confronter. Que va-t-il se passer ?

N'oublie pas à commenter ta lecture à la fin du chapitre !

© Jordane Cassidy - 2020

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 2

 

 " Une grande dignité est une grande servitude "

                                                         Chevalier de Méré, Maximes, sentences et réflexions morales et politiques

  

 

 

Valentin avait une nouvelle fois mal dormi. Pourtant, il refusait de quitter son lit, ce matin. Il savait ce qui l'attendait et ne voulait pas y faire face : le retour de Camille.

Tu n'es qu'une chiffe molle, Val ! Vraiment affligeant !

Cassandre était déjà levée depuis une bonne demi-heure. Il regarda le plafond quelques secondes.

Je n'ai pas entendu de bruit... Elles ne se sont donc pas entre-tuées !

Il grimaça devant sa couardise de plus en plus avérée. 

Putain, Val ! Tu déconnes ! T'as des couilles ou pas ?

Il soupira longuement. Il devait affronter le regard de Camille. À défaut, sa lettre de démission. Il devait s'y faire. Il n'avait plus le choix. Fuir n'était pas une solution durable. Il se redressa et s'assit sur le bord du lit. Il regarda nonchalamment le réveil. Au départ, il avait joué la montre. Moins il aurait de temps à passer dans le salon ou la cuisine, plus l'affrontement serait écourté. Puis il s'était rappelé les propos de Séverin.

 Je dois faire face et être sincère avec elle. La vérité, toute la vérité avec un « je le jure ! » !

Il se prépara et alla dans la cuisine où Camille devait l'attendre. Quand il arriva, elle lui tournait le dos et Cassandre était au comptoir en train de finir son café. Bizarrement, il éprouva un certain soulagement à la voir toujours fidèle au poste. Des adieux par lettre l'auraient vraiment attristé, bien qu'il se doutait que ce qui l'attendait allait vraiment lui étreindre le cœur.

— Bonjour ! déclara-t-il d'un ton monotone, tout en s'installant à sa place.

— Enfin ! déclara Cassandre.

Il n'osa pas l'embrasser, ne serait-ce sur le front, de peur que ce simple geste envers sa petite amie fasse exploser Camille.

Cette dernière se retourna enfin de ses fourneaux et lui sourit.

— Bonjour, Monsieur Duval ! Bien dormi ?

 Camille lui sourit le plus normalement du monde. Son sourire, qu'il savait travaillé et non sincère, le mit dans une colère sourde. Colère que lui-même ne comprenait pas. Il devrait préférer ce sourire, mais il n'y adhérait pas. Elle devrait se comporter de façon froide, distante, avec lui. Elle jouait parfaitement la comédie alors qu'il ne méritait pas ce sourire. Et Cassandre n'y voyait que du feu...

— Non, pas vraiment...

— Tu as eu trop chaud ? s'empressa de demander Cassandre, avec douceur.

— Non... Je n'ai pas trouvé le sommeil... répondit-il gravement, tout en marmonnant ses mots.

— Je vous ai préparé un chocolat chaud ! lui déclara alors Camille, tout en lui tendant une grande tasse. Ça va vous remonter le moral. Le chocolat, c'est toujours bon quand on n'est pas en forme. Ça adoucit les maux.

Valentin fixa sa tasse avec amertume. Sa poitrine le brûlait. La personne qui devait boire ce chocolat pour se consoler était Camille, pas lui. L'avait-elle bu, elle aussi, avant de venir l'affronter ? L'effet semblait dans ce cas efficace ; il suffisait de constater à quel point elle réussissait la performance de se comporter comme à son habitude. Il n'aimait pas cette scène qui se jouait entre eux. Il n'aimait pas son attitude trop gentille. Elle masquait ses vrais sentiments pour la bonne entente générale de la maisonnée. Pour lui. Pour Cassandre. Et sa colère se décuplait face à cette bonne intention, fidèle à la personne qu'elle était, au lieu d'être franche.

 

Cassandre se leva de son tabouret et fit un bisou sur la joue de Valentin.

— Bon, j'y vais. Je vais être en retard. Le patron veut qu'on parte tôt !

— Vous travaillez dans quoi ? l'interrogea alors Camille.

— Je suis VRP pour une boîte qui produit des articles fonctionnant à l'énergie solaire. Je prospecte donc des clients pour vendre des panneaux solaires, principalement.

— Whouaaa ! Je comprends mieux vos petits tailleurs ! C'est bien de promouvoir des produits favorisant l'écologie.

— Oui ! Et d'ailleurs, j'ai un rendez-vous chez un client à deux cents kilomètres d'ici, cherchant des panneaux solaires pour un bâtiment regroupant des bureaux. L'idée est de les placer sur le toit de l'immeuble. Donc, je n'ai pas le temps de traînasser. Je ne serai pas là ce midi.

— OK, je note ! répondit Camille, rigoureusement.

— À ce soir ! dit-elle alors en même temps qu'un bisou qu'elle claqua sur les lèvres de Valentin qui resta plutôt de marbre.

Elle attrapa sa valisette et referma la porte rapidement. Valentin ne quitta pas sa tasse des yeux. Ils étaient enfin seuls. C'était l'occasion ou jamais de mettre les choses à plat, mais il demeurait complètement paniqué. Il avait beau boire son chocolat chaud, sa gorge restait sèche et son moral ne s'améliorait pas.

— Dois-je vous compter pour ce midi ou serez-vous également absent ? demanda Camille, toujours professionnelle.

Valentin releva la tête machinalement et la contempla un instant. Son attitude si ouverte et bienveillante ne faisait que le rabaisser à son rang de goujat. Était-ce ainsi qu'elle voyait sa punition ?

— Si tu veux encore de moi, alors je serai là ce midi.

Valentin venait de la tutoyer. Il aurait dû garder la distance qu'il avait lui-même restaurée en recadrant leurs positions employeur/employée lorsque Cassandre avait posé ses valises chez lui. Il aurait dû la vouvoyer et l'éviter du regard.

Camille soupira, puis rangea la vaisselle de Cassandre comme si de rien n'était.

— Je t'en prie ! Dis-moi quelque chose ! Je ne supporte pas plus cette situation que toi ! Je ne pensais pas me retrouver face à Cassie. En même temps, me demander qui je préfère entre elle et toi, c'est compliqué ! Cassie, c'est... ma petite amie.

Il passa sa main dans les cheveux et soupira. Le dire à voix haute, c'était confirmer que Camille passait après Cassandre. C'était admettre qui il préférait, qui remportait les suffrages des sentiments. Il regarda le dos de Camille qui avait alors cessé toute activité. Il continuait de la blesser. Encore maintenant, avec ses mots.

— Tu veux ma lettre de démission ? fit-elle alors d'une petite voix. C'est ça que tu attends en conclusion de tout cela ?

Valentin se trouva surpris, mais toujours plus coupable.

— Tu ne comptes pas la faire ? Tu as toutes les raisons pour...

— Je dois travailler ! le coupa-t-elle tout en se retournant enfin vers lui et en tapant ses paumes de mains sur le comptoir. Ce que je ressens n'a pas d'importance. Je comprends ton choix, ton attitude. Elle est logique, même si blessante. Chaque chose doit rester à sa place et nous avons fait une erreur. Ne t'inquiète pas, je ne dirai rien à Cassandre ! Je resterai à ma place, mais... ne me demande pas de partir, s'il te plaît !

 

Devant ses yeux tristes et implorants, Valentin se leva et contourna le comptoir de la cuisine pour se rapprocher de Camille. Il se posta derrière son dos et l'entoura de ses bras. Il nicha son visage dans le cou de la jeune femme et soupira de soulagement.

— Je ne veux pas que tu partes non plus. Pardon Camille. Pardon. J'ai été nul sur toute la ligne !

Elle lui caressa l'avant-bras la ceinturant, tout en lâchant également un soupir rassuré lui permettant de ne pas céder aux larmes. Elle s'efforça de sourire en pensant à ce qu'elle pouvait encore sauver du naufrage.

— Ce n'est pas grave. C'était bien, mais bon... pas de quoi fouetter un chat non plus ! Juste une petite aventure rigolote sans profondeur, c'est tout !

Elle se détacha de lui et lui tira la langue.

— Je pense pouvoir oublier rapidement ! ajouta-t-elle avec défiance et amusement.

Valentin la fixa, incrédule face à ses propos taquins.

— Heeey ! Je rêve ou tu insultes mes performances ?

— Monsieur Duval, il faut savoir assumer de A à Z vos faiblesses ! Vous devriez arrêter de réfléchir sur votre dignité et vous dépêcher de finir de vous préparer. Vous allez être en retard au travail !

Valentin afficha un grand sourire épaté. Pas de doute ! Il aimait cette femme ! Son attitude resterait un éternel mystère d'abnégation et de gentillesse. Une surprise constante. Un plaisir toujours avéré. Jamais il n'aurait pensé arriver à une telle conclusion. Si les événements avaient été autres, il l'aurait même embrassée sur la bouche. Il adorait sa façon de relativiser et de ne pas accabler les gens. Ce n'était peut-être pas un pardon, mais elle ne restait pas fermée à lui. Cela lui suffisait.

— OK. Je reconnais... Je suis une petite bite qui ne mérite pas vos attentions. Je suis vraiment désolé d'avoir été si médiocre et de ne pas avoir pleinement pu répondre à vos besoins.

Camille écarquilla les yeux devant sa vulgarité et ne cacha pas son attitude offusquée.

— Comment osez-vous me parler de la sorte ?! Un peu de tenue, Monsieur Duval ! Votre langage laisse à désirer !

Valentin pouffa en la voyant jouer les prudes. Il la prit à nouveau dans ses bras et déposa un baiser sur son front. Très vite, son geste fut accompagné d'une prise de conscience que les deux eurent en même temps. Chacun reprit vite ses distances. Valentin se frotta les mains sur son pantalon et Camille effaça rapidement la marque de son baiser d'un revers de main. Tous deux gênés, chacun tenta de reprendre consistance devant l'autre.

— Si... si Mademoiselle pouvait m'honorer d'une omelette avec la mention « fuck » écrite au ketchup pour ce midi, je vous en serais éternellement reconnaissant !

À son tour, Camille pouffa.

— J'avais pensé « crève », mais c'est en cinq lettres et ça ne rentrera pas sur la longueur de l'omelette ! lui déclara-t-elle alors, d'humeur plus badine.

— Crève ? Whaou ! C'est dur, ça !

— Je fais toujours les choses avec le cœur ! rétorqua-t-elle alors en haussant les épaules. Pas de demi-mesure !

Valentin se mit à rire.

— C'est ce que j'aime... C'est ce que j'ai aimé...

Camille se mit à rougir face à son regard doux, mais très vite reprit ses esprits.

— Dehors ! Ouste ! Je ne veux plus vous voir !

Valentin ne lâcha pas son sourire. Il obéit toutefois aux ordres de son employée et ne tarda pas à quitter la maison pour aller bosser.

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