Bonjour à tous !
Voici le chap 3 non corrigé. Les corrections avancent bien, niveau bêtas et correcteurs, mais j'attends tous les retours pour commencer à tout répertorier et nettoyer dans le manuscrit. C'est pourquoi vous avez la version non corrigée ci-dessous.
COMBLÉ
Kaya écouta Ethan l’embrasser dans le cou, avec un grand sourire. La musique du club résonnait contre les murs insonorisés et faisait écho aux booms-booms des battements de son cœur. Elle regardait le plafond sans trop le voir. Toute sa concentration était dirigée vers les bienfaits qu’Ethan administrait encore à son corps.
Ils avaient vite laissé tomber leurs derniers vêtements. La bagarre avait commencé avec le jeu du « celui qui arriverait à faire fléchir l’autre en premier ». Des stratégies de force, de domination et des pièges malicieux à l’aide de leurs corps respectifs avaient stimulé leur combat, chargé de plaisirs et d’assouvissements. Des objets et papiers avaient même fini par tomber du bureau sous leur impulsivité à vouloir gagner l’autre, entre tendresse et détermination. Puis finalement, le doux conflit continua debout quelques minutes. Ethan n’arrivait pas à se satisfaire de cette position semi-allongée sur le bureau ; il voulait avoir accès à toutes les parties du corps de sa partenaire. Pouvoir toucher ses fesses d’une main et un sein de l’autre était aussi grisant que salvateur. Il avait réellement cette impression de la posséder et pouvait savourer de ne plus être entravé par quoi que ce soit. Une liberté bienvenue après l’énonciation de ce code dont il se fichait bien.
Leurs baisers reflétaient le match qui se dessinait avec leurs mains : conquérants, avides et implacables dans leurs effets. Après un bref moment où elle le força à s’asseoir sur le fauteuil pour lui montrer qu’elle pouvait, elle aussi, avoir des arguments pouvant le faire craquer, Ethan l’avait allongée au sol afin de reprendre un minimum le contrôle. Et c’est ainsi que leur moment de réconfort s’acheva. Le bureau d’un côté, le fauteuil de l’autre, leurs vêtements au milieu et leur plaisir enfin assouvi. Une nouvelle fois, leur partie de jambes en l’air avait été diablement agréable. Kaya ressentait encore quelques engourdissements au niveau des jambes, mais ce n’était rien comparé à la chaleur qui brûlait encore dans ses veines et qui ne perdait pas en force. Et visiblement, son partenaire ne semblait pas faiblir de désir non plus. Ses lèvres retrouvèrent les siennes rapidement pour se rassasier encore et encore de baisers. Sa soif paraissait inextinguible. Même après avoir atteint l’extase, il continuait ses attouchements et ses baisers coquins, comme si rien ne devait se finir. Il avait été aussi très gourmand en baisers la dernière fois, lors de la journée anniversaire de la mort d’Adam. Il semblait prendre pour acquis que le service après-vente devait être fait de multiples baisers pour s’assurer que le réconfort était vraiment professionnel jusqu’au bout. Kaya pouffa entre ses lèvres.
— Tu vas vraiment les user à force ! contesta-t-elle, alors qu’il en rajouta encore un nouveau, puis un second.
— Tes lèvres sont douces… argumenta Ethan, tout en fermant les yeux et exigeant gentiment de retrouver sa langue plaintive.
Un nouvel instant de douceur les emporta tous les deux. Peu importait ce qui se passait autour ; ils répondaient à leurs envies. Kaya caressa instinctivement les cheveux déjà bien ébouriffés de son amant, ce qui entraîna un soupir lascif de ce dernier. À bout de souffle, Ethan se détacha un peu d’elle pour effleurer sournoisement sa bouche dans un petit sourire aussi tendre qu’attentif. Il lui caressa ensuite une mèche de cheveux, puis reposa ses lèvres contre celles de la jeune femme, comme un appel qu’il ne pouvait ignorer. Il répéta son baiser plusieurs fois tout en appuyant à chaque fois un peu plus fort. Kaya se mit à rire et finalement le poussa sur le côté pour retrouver un peu de liberté. Un sourire s’étira sur les lèvres d’Ethan, heureux comme jamais d’être repoussé pour de telles raisons.
— Tu sais quoi ! C’est la première fois que je me retrouve nue sous un bureau ! déclara-t-elle réellement amusée par cette situation pour le moins incongrue.
— Whouaaa ! Encore une première fois que je t’offre ! Ma parole, mais c’est que tu y prends goût ! ironisa Ethan, amusé et fier d’apporter quelque chose de novateur dans sa vie.
Kaya se mit à nouveau à rire.
— J’avoue que tu me surprends. La moto, le toit d’immeuble, le super câlin sur et sous le bureau… J’expérimente plein de choses grâce à toi !
Ethan inspira profondément, une lueur nouvelle dans ses yeux à l’écoute de ces mots. Si elle se trouvait ravie de découvrir le monde sous un autre regard par son intermédiaire, il pouvait en dire autant à son sujet. Il avait l’impression d’être un nouvel homme.
— Parfait ! Je vais pouvoir donc rayer certaines mentions de ton code au titre de l’expérimentation ! déclara-t-il, heureux de revenir sur le nerf de leur guerre. Et notamment tout ce qui concerne le sexe ! La découverte de la première fois sur plein de choses coquines… ça me plaît !
Il lui jeta un sourire carnassier qu’elle s’empressa de repousser de ses deux mains, comme une vilaine habitude à vite effacer.
— Il n’y a rien à rayer ! Tout ce que tu as à faire, c’est le signer…
Kaya regarda un peu partout autour d’elle, et le retrouva, froissé, au milieu de papiers et vêtements. Elle s’en saisit, tenta de l’aplatir en étalant bien sa paume de main dessus et lui posa devant le nez.
— Voilà !
Elle attrapa un stylo non loin de là et le lui tendit.
— On peut rajouter aussi « pas d’infidélité pendant la période de l’accord » ! lui déclara-t-elle avec un sourire entendu.
Ethan plissa les yeux, plus aussi heureux.
— Je t’offre une première fois et c’est comme ça que tu me remercies ? En me refourguant encore ton code ?
Kaya loucha deux secondes sur lui, puis lui colla un rapide baiser sur ses lèvres.
— Merci, Ethan ! Maintenant, signe ! Je m’engage aussi à faire tous les tests possibles et prendre la pilule pour un accord plus serein.
Ce dernier grommela, peu satisfait de sa façon d’être remercié. Il regarda son stylo comme son pire ennemi et cette triste évidence qu’il ne pouvait reculer.
— Trop tard, t’es en cloque et je t’ai refilé plein de merdes ! Depuis le temps !
— Ah ah ! chantonna-t-elle devant son air bourru. Très drôle. Tu peux râler, ça ne changera rien ! Et puis, ce n’est pas moi qui me tape un répertoire de dingue sur son téléphone, rempli de gonzesses bizarres qui aiment les hommes en mode connard !
Ethan se mit à sourire devant cette mention.
— J’en connais une devant moi qui s’en contente !
— Ne mélange pas tout ! Elles ont des attentes bien différentes des miennes, je te rappelle.
— C’est vrai… Elles veulent soit un plan cul avec moi, soit justifier un plan cul pour parvenir ensuite à toucher le gros lot en m’épousant. Toi, c’est plutôt le plan cul de réconfort ! Bref ! Que des « gonzesses » qui veulent des plans cul avec moi ! C’est terrible !
Kaya le poussa à l’épaule alors qu’il riait de sa fierté d’être un homme à femmes.
— En attendant, Casanova, pas de femmes pendant notre accord ! Je veux garder mon hygiène intime intacte !
— Dis plutôt que ça te ferait chier que je fasse certaines choses, que je te fais durant nos « séances », à d’autres femmes pendant nos périodes hors « séances », hum ?
Il lui pinça la joue pour la taquiner un peu plus et s’assurer d’un minimum de jalousie qui le conforterait dans leur relation.
— N’importe quoi ! marmonna-t-elle en fuyant le regard.
— Donc, le fait que je touche le matin le corps offert d’une femme pour un plan cul régulier, puis toi le soir pour un plan cul réconfort, ne te pose pas de problème tant que j’ai une hygiène propre ?
— Rhaaa ! Arrête de jouer sur les mots et de chercher la petite bête ! Et puis je ne suis pas un plan cul réconfort ! C’est bon ! T’as gagné ! Non, je ne veux pas sentir les lèvres d’une autre quand je t’embrasse ! Ça me paraît normal, logique, humain ! Et je ne souhaite pas de baisers indirects via tes lèvres avec une autre femme non plus ! Ce n’est pas mon fantasme ! Voilà ! T’es content !
Ethan savoura ses mots comme elle pouvait savourer un brownie. Le simple fait de ne pas vouloir le partager lui réchauffait le cœur et le poussait toujours plus vers l’envie de la garder contre lui. Il l’attrapa dans ses bras alors qu’elle boudait d’avoir lâché la vérité. Sentir son dos contre son torse marqué lui fit du bien. Il posa un baiser sur sa tempe et respira fort, heureux de la voir un brin jalouse.
— Tu veux l’exclusivité, c’est ça ? ajouta-t-il alors doucement à son oreille. Je te la donne. OK.
Il la relâcha et se leva, cherchant visiblement ses affaires. Kaya l’observa d’un air perplexe. Elle le vit récupérer son téléphone et pianoter quelque chose, puis il revint s’allonger près d’elle.
— Tiens, c’est mon répertoire « plan cul ». Vas-y ! Efface-le ! Comme ça, tu n’auras pas à craindre quoi que ce soit !
— Quoi ? le fit-elle répéter, incrédule.
Il posa son téléphone dans sa main et déposa un baiser sur son front.
— Efface-le !
— Tu n’es pas sérieux ?!
— Fais-le !
Kaya put lire toute la sincérité de sa démarche dans le regard qui ne la quittait. Ethan semblait très serein.
— Oh ! C’est une astuce ! Tu as une sauvegarde ! Tu essaies de m’amadouer encore !
— Du tout ! Zéro sauvegarde. Efface !
Kaya déposa le téléphone au sol à la hâte, cherchant le piège, et regarda l’objet comme une bombe à retardement.
— Pourquoi moi ? Fais-le, toi ! lui dit-elle alors en le repoussant vers lui.
— Tu auras la preuve que c’est fait ! lui répondit-il en le remettant bien devant elle.
— Mais je ne t’ai pas dit que je voulais que tu supprimes ton répertoire ! Juste que tu le mettes en pause le temps de notre accord !
— Tu n’as pas confiance en moi. Du moins, pas sur tout ! Donc, je te prouve de ce côté-là que c’est réglé !
Kaya contempla le téléphone avec suspicion.
— Si je le fais, il ne faudra pas venir pleurer parce que Bichon a perdu tous ces plans cul !
Ethan se mit à rire devant son surnom.
— On a dit « pas de surnoms affectueux » ! C’est le code de conduite, non ? Je te dis, ce contrat, tu ne le tiendras pas !
— Je le tiendrai ! Ne me sous-estime pas !
— Oh non ! Je ne te sous-estime pas ! Je sais très bien à qui j’ai affaire.
Une expression plus douce apparut sur le visage d’Ethan face à cette évidence. Kaya le considéra de façon indécise. Elle trouvait ses réactions vraiment bizarres depuis son pardon.
— Très bien ! J’efface tout ! À jouer avec le feu, on se brûle ! Tant pis pour toi !
Elle attrapa le téléphone et lui sourit de façon mutine.
— Sûr ?
Ethan la fixa avec douceur, mais assurance.
— Fais-toi plaisir ! Tu devras juste compenser derrière.
Il pouffa d’un coup à sa remarque tandis que Kaya le dévisagea.
— C’était donc ça l’idée ! Je savais bien que c’était louche ! Tu me fais effacer tout ton répertoire pour justifier ensuite plus de sexe… Connard ! Je ne comblerai rien d’autre que ce qui est prévu par notre accord : soigner les blessures de l’autre ! C’est tout !
Ethan se mit à rire en la voyant chercher toutes les parades qu’il pourrait monter contre elle.
— Kaya, j’ai follement envie de t’embrasser ! Tu ne marches pas, tu cours !
Cette dernière sentit ses joues chauffer sous les propos tout à coup plus tendres d’Ethan. La simple idée d’être à nouveau embrassée follement lui retournait le ventre et son cœur faisait maintenant des bonds dans sa poitrine au point de poser ses mains contre son plexus, pour se conforter de ne pas être encore mangée toute crue. Ethan se rapprocha d’elle lentement, tel un félin. Son regard de prédateur la figea sur place tandis qu’il l’enlaçait doucement. Il déposa un furtif baiser sur ses lèvres, puis lui mordit la lèvre inférieure.
— Qu’il y ait répertoire ou pas, je n’appellerai pas une autre fille et je ne répondrai pas à une demande de l’une d’entre elles. Je n’en ai tout simplement pas envie. Là, actuellement, tout ce dont j’ai envie, c’est mordre ta lèvre…
Il attrapa doucement de ses dents la lèvre de Kaya une nouvelle fois, avant d’y déposer un nouveau baiser dessus.
— … et que tu me câlines encore et encore !
La panique gagna le cœur de Kaya devant cette sournoise attaque toute en douceur et tendresse. Elle ne savait plus où se mettre ni quoi faire ou répondre. Seul le regard perçant d’Ethan la scotchait comme une mouche à un adhésif tue-mouche. C’était pire que tout. L’attaquer de la sorte en jouant sur le registre câlin était inhumain. Elle venait de douter de ses intentions, elle le menaçait d’effacer son carnet d’adresses coquines et lui la prenait à contre-pied en jouant presque le mec transi d’amour !
Rhaaaa ! Il m’énerve ! Je le déteste d’être si… d’être trop…
Elle le repoussa de ses deux mains sur son torse et, rouge cramoisi de gêne, se saisit du portable.
— Très bien ! J’efface tout ! Voilà ! C’est fait ! Tu n’as plus rien ! T’es content !
Ethan la contempla, heureux.
— Très !
Kaya loucha sur lui, agacée de le voir si calme et conciliant.
— Viens m’embrasser, maintenant que la clause « pas d’infidélité » est réglée. Et après, je signe ton papier.
Kaya tourna la tête, gênée par l’effet que toute cette mise en scène avait sur son corps. Elle avait chaud, elle se sentait à fleur de peau, son cœur se comportait de façon anarchique et elle n’arrivait même plus à masquer son trouble face au regard caressant d’Ethan.
— Je te déteste ! marmonna-t-elle toutefois, pour marquer le coup et ne pas lui donner entièrement satisfaction.
— Évidemment ! Pourquoi ça changerait ?
Kaya tourna à nouveau la tête vers lui, surprise par sa réponse.
Pourquoi ça changerait ? Bah oui ! Pourquoi ?
Il écarta ses bras et lui sourit avec un petit air de défi.
Pourquoi ?
Elle soupira et retourna se lover dans ses bras, malgré cette honte à ne pas réussir à garder cette distance sur ses sentiments. Elle s’en voulait de ne plus avoir autant de force à le repousser, d’être si réceptive à ses mots et ses attentions, de baisser sa méfiance et croire en quelque chose de plus sérieux entre eux. Elle savait que si elle ne reprenait pas le contrôle, elle serait perdue. Pourtant, ce soir, elle n’avait pas envie non plus de quitter ses bras. Tout comme lui, elle voulait encore prolonger ce moment de paix entre eux. C’était très bizarre. La séparation brutale, deux jours avant, devait en être la cause. Malgré tout, elle n’arrivait pas à expliquer pourquoi elle avait cette impression étrange de relâche plus franche des deux côtés, de complicité plus tendre.
Ethan attrapa alors le stylo et le papier indiquant toutes les clauses précédemment écrites. Il posa la pointe de l’objet maudit sur le code de conduite, puis la regarda un instant. Un sourire bizarre se dessina tout à coup sur son visage et Kaya comprit immédiatement qu’il préparait quelque chose qui n’allait pas lui plaire. Sans attendre, il se dégagea d’elle et fit glisser son stylo nonchalamment sur la feuille. Il griffonna rapidement une énorme signature prenant toute la page, barrant au passage toutes les clauses précédemment mises avec application par Kaya. Il ajouta à côté un petit cœur au bout de sa signature et inscrivit au-dessous des autres clauses : « Kaya n’est pas mon objet, c’est ma Princesse ». Puis, à côté, il dessina une petite couronne. Devant tous ses gribouillis, Kaya s’alarma.
— Non, mais t’es pas bien ! Qu’est-ce que tu fous ? Ça ne ressemble plus à rien. C’est quoi cette signature ? Et depuis quand on fait des cœurs et des couronnes sur un contrat ?
Elle tenta de lui arracher le papier des mains, mais Ethan se mit à rire devant son agacement et se retourna pour l’empêcher de faire opposition à ses grigris.
— Rends-moi ce papier !
— Attends ! Je n’ai pas fini d’apposer mes clauses !
— Il n’y a rien à ajouter !
— Bien sûr que si ! Je dois écrire que « Kaya s’engage à ne plus mentionner le nom d’Adam pendant nos séances » !
— Certainement pas ! hurla-t-elle presque, en passant par-dessus son dos et en agrippant un bout du papier conflictuel. Lâche ça !
Ethan tira et le papier se déchira en deux. Kaya regarda son bout de contrat avec stupéfaction alors qu’il riait de bon cœur devant son air anéanti. Face à son rire moqueur, cette dernière se fâcha un peu plus et l’écrasa de tout son corps pour se venger, n’ayant plus que pour seule envie de l’étrangler. Malgré les vaines tentatives de sa belle pour lui faire ravaler son rire, Ethan la prit dans ses bras et l’embrassa à nouveau.
— Je te déteste ! Vraiment ! grogna-t-elle contre sa bouche. Tu n’es qu’un…
— Connard, je sais… mais là, excuse-moi, mais c’est juste excellent.
— Il n’y a rien d’excellent ! protesta-t-elle, énervée. Regarde ça !
— On y mettra un bout de scotch et tu le signeras aussi. Je t’autorise à mettre ton gribouillis par-dessus le mien si tu veux ! J’aime bien quand tu es sur moi !
Les sourcils d’Ethan sautèrent pour amplifier son allusion coquine et rajouter de l’huile sur le feu volontairement.
— Pfff ! N’importe quoi ! marmonna-t-elle, le visage une nouvelle fois empourpré.
Devant son air abattu, Ethan retira lentement son bout de papier de ses doigts et posa les morceaux plus loin au sol avant de réclamer à nouveau ses lèvres et la serrait fort contre lui. Prise dans le tourbillon de ses baisers, la colère de Kaya retomba instantanément. Le charme d’Ethan opérait à nouveau sur elle et elle se laissa lentement porter par ses douces attentions pour se faire pardonner… Elle ne pouvait nier le fait que ses bras demeuraient efficaces dès qu’il fallait l’apaiser. Elle trouvait même cela inquiétant. Elle s’assagissait de plus en plus facilement à chaque fois qu’il se montrait plus câlin. Elle lui pardonnait de plus en plus rapidement ses incartades. Même sa poitrine montrait des signes alarmants dès qu’il manifestait trop de tendresse. Et ses baisers devenaient de sournois plaisirs auxquels elle accédait de plus en plus aisément au point même de vouloir les solliciter.
— Kaya…
— Hum ? marmonna-t-elle alors qu’elle encaissait avec inquiétude un nouveau baiser sur sa joue comme une nouvelle salve de douceur.
Elle ferma les yeux et se laissa aller à ressentir ses lèvres contre sa peau. Il effleura le lobe de son oreille de ses lèvres et souffla légèrement.
— Reste dans mes bras toute la soirée.
Si sa voix grave l’avait fait frissonner sur le moment, elle ouvrit toutefois les yeux en matérialisant mieux le contenu de sa phrase une fois sa douce rêverie effacée.
— Quoi ?
Ethan se détacha d’elle et se tint la tête de sa main, son bras et son coude au sol.
— Je sais qu’une fois sortis de cette pièce, nous devons faire comme si de rien n’était, que c’est dans le code…, mais j’ai encore envie de t’avoir dans mes bras. Ce petit moment de réconciliation ne me suffit pas ! Il m’en faut plus !
Kaya ne put lâcher ses deux prunelles marron chocolat chaud réclamant encore des instants de tendresse. Elle savait que son visage devait être encore rouge pivoine, que son trouble devait être perceptible autant par l’objet de la demande d’Ethan, que par son air sérieux et plein d’espoir à ce qu’elle y réponde favorablement. Même s’il restait hésitant dans le ton de sa formulation, même s’il savait que la réponse pouvait être négative, il l’avait quand même formulée comme une envie lui tenant à cœur. Elle regarda instantanément ses cicatrices. Elle ne les avait pas touchées. Elle n’avait pas osé. Il n’en avait pas fait la demande non plus. En parler était tout aussi risqué et elle s’était même demandé s’il gérait vraiment à son niveau les conséquences d’un contact dessus. Et cette nouvelle demande l’obligea à s’interroger un peu plus son mal-être, sur les raisons de vouloir prolonger son réconfort.
— Encore ? Mais… je ne comprends pas. Pourquoi as-tu besoin de plus ? Je n’ai même pas touché tes cicatrices et j’ai même accepté tes excuses. Il s’est passé quelque chose que tu ne m’as pas dit et qui justifie ce besoin plus grand ? Tu veux que je te les touche vraiment ?
Ethan baissa les yeux un instant, puis la fixa une nouvelle fois avec assurance.
— Ce n’est pas ça... Ça n’a rien à voir avec mes cicatrices. C’est le réveillon du Nouvel An. Pourquoi… ne pas faire une exception et marquer le début de cet accord en le fêtant dignement ensemble ?
Kaya resta muette. Elle essayait de cerner les réelles motivations d’Ethan, mais se perdait dans son regard. Ses lèvres l’appelaient encore, ses bras voulaient la serrer encore et elle se contentait de vouloir comprendre pourquoi. Elle baissa les yeux et se sentit mal à l’aise.
Toi aussi, tu aimes être embrassée et être dans ses bras ! C’est peut-être juste une demande légitime et normale de sa part à vouloir apprécier plus ?
Sans réfléchir davantage, elle se blottit contre lui et se cacha le visage. Elle ne savait quoi répondre, mais ne voulait pas non plus le fâcher et elle savait que son visage pouvait la trahir s’il lisait dans ses yeux. Dire oui adoucirait leurs doutes, leurs peurs et leurs besoins mutuels, mais mettrait à mal leur logique de consolation et ce code qu’ils venaient de mettre en place. En même temps, s’il avait vraiment ce besoin de plus de câlins de sa part, devait-elle le nier pour autant ? N’était-ce pas son rôle de tenter de percer ce qu’il n’osait réellement lui demander pour mieux vaincre ses angoisses et soigner par sa présence ses plaies incrustées dans sa chair ?
— D’accord…, murmura-t-elle sans oser le regarder.
Ethan ferma les yeux et laissa échapper sa hantise d’un refus dans un long soupir de soulagement. Il embrassa ses cheveux et relâcha la pression.
— Mais, juste pour cette fois ! commenta-t-elle contre lui.
Ethan sourit et concéda à l’exception, tant qu’il trouvait gain de cause pour ce soir. Kaya se releva sans un regard, gênée, et commença à s’habiller sans rien ajouter. Ethan l’observa un instant, heureux de constater qu’il se sentait réellement plus serein depuis une heure. Une sérénité à laquelle il se complaisait et ne voulait pas se détacher. La voir se rhabiller en silence faisait naître à nouveau la crainte de perdre leur bulle de bonheur. Il se toucha la poitrine, sentant que son cœur réagissait de façon désordonnée dès qu’il commençait à perdre le contrôle que ce soit dans ses désirs ou ses craintes. Il devait se rassurer, et rassurer Kaya pour qu’elle reste toujours plus près de lui. Il ne voulait pas de conflits ce soir. Il ne voulait pas se fâcher ni la fâcher. Il voulait juste ses bras, ses lèvres et être l’objet de toutes ses attentions. Il attrapa les deux morceaux du contrat et les posa sur le bureau. Il ouvrit le tiroir pour prendre du scotch et accrocha les deux parties du papier sous les yeux curieux de Kaya. Il lui sourit et lui tendit la feuille rafistolée.
— Il ne manque que ta signature, Princesse.
Kaya regarda le contrat scotché et prit son stylo. Un malaise étrange flottait dans l’air depuis qu’elle avait accepté de rester dans ses bras toute la soirée. Elle ne savait plus trop où étaient les limites. Et bizarrement, elle sentait bien qu’il tentait d’adoucir volontairement les choses pour ne pas la refroidir. Cette considération la mettait encore plus mal à l’aise ; elle s’estimait du coup comme celle de par qui tout pouvait exploser. Elle le regarda un instant, puis relut son contrat.
Suis-je si instable, au point que tu prennes autant de gants avec moi, ce soir ? Pourquoi es-tu si conciliant, Ethan ? Que cherches-tu ?
Elle soupira, triste de constater qu’elle n’arrivait toujours pas à comprendre les pensées et les sentiments d’Ethan. Elle inscrivit une dernière clause au contrat en silence. Ethan écarquilla les yeux devant cette clause. Elle apposa sa signature en dessous, comme convenu, et lui sourit timidement.
— Il ne reste plus qu’à en faire une copie pour que chacun en ait une version.
La poitrine d’Ethan se soulevait difficilement. Il regarda le contrat et cette dernière clause comme le plus beau cadeau qu’elle pouvait lui faire. Il relisait sans cesse les mots « Kaya s’engage à ne plus parler d’Adam pendant les moments de réconfort sollicité par Ethan Abberline » pour les graver sur son cœur qui se gonflait de bonheur. Sa mâchoire se serra un instant, tentant de retenir le peu de raison qu’il lui restait, mais il ne tint pas. Il prit en coupe son visage et l’embrassa à la hâte. Un baiser sincère, profond que Kaya ne put ignorer. Ethan ne pouvait plus empêcher de laisser parler ses sentiments. Il la voulait plus que de raison, il voulait la garder contre lui, rien qu’à lui. Exclure Adam de leurs moments à deux était la plus belle avancée qu’il pouvait espérer. Il avait cet insidieux espoir de croire qu’il était enfin le seul à compter et que le reste n’avait plus d’importance. Quelques mots sur un papier et il était heureux de ce contrat. Il trouvait enfin une utilité à celui-ci. Il pouvait savourer son engagement avec soulagement et retrouver une motivation à vouloir encore plus croire en un eux deux. Leurs langues se chevauchèrent avec impétuosité et le besoin d’Ethan de posséder Kaya se fit à nouveau vivace. Il passa son bras autour de sa taille pour la garder contre lui, pour affirmer son emprise sur le corps de sa partenaire.
— Reste avec moi toute la nuit, Kaya.
Ethan avait eu du mal à prononcer ses mots. Une boule dans sa gorge grossissait, tant son désir devenait lourd, l’empêchant de trouver l’air nécessaire pour respirer. Son cœur réclamait plus que jamais de l’amour. Chacun de ses muscles se contractait à l’idée de ne pouvoir exprimer ce que son corps voulait plus que tout. Lui dire tout ce que cette simple clause lui inspirait finissait par se bloquer en lui, tant la peur de la réaction de Kaya l’angoissait. Sa voix était devenue encore plus rauque, ses yeux encore plus suppliants. Il ne pouvait déclarer tout ce qu’il avait sur le cœur. Même si ce soir, il arrivait à mettre des mots sur ce qui le bouffait intérieurement, certaines choses ne pouvaient être dites. Il ne pouvait qu’être pendu à ses lèvres, à espérer qu’elle ne prenne pas la fuite devant ses envies de plus en plus marquées.
Kaya fixa ses prunelles marron avec surprise, mais douceur. Les lèvres de ce dernier continuaient à lui caresser délicatement la bouche, comme pour influencer en bien sa demande, comme pour donner du poids à ce qu’elle pouvait à y gagner.
— Kaya, je te veux toute la nuit dans mes bras. Je ne veux pas me contenter de cette soirée avec les autres. Je ne veux rien d’autre que pouvoir t’embrasser et garder ton corps nu pour moi seul. Je te veux dans mon lit, chez moi, contre moi. Je veux une vraie grasse mat’ avec toi. Je veux encore parcourir ton corps de mes mains et ce n’est pas durant cette soirée que je le pourrais. Kaya, s’il te plaît… Dis-moi oui… Toute la nuit… toi… et moi.
Ethan posa son visage dans son cou et la serra le plus fort qu’il put contre lui. Son cœur était sur le point d’exploser tant ses sentiments pour elle étaient en train de prendre de la place et tout écraser de sensé sur son passage. Il n’arrivait même plus à contenir quoi que ce soit, ni même à donner un sens, une raison au fait que sa poitrine se comprimait comme jamais devant son envie d’elle. Rien d’autre ne comptait à ce moment-là que son besoin cruel et pourtant si vivifiant d’être avec elle. Kaya se trouva saucissonner dans ses bras et grimaça de douleur. Elle le trouvait de plus en plus étrange, à l’opposé de ses habitudes. Elle pensait le rassurer en écrivant cette clause, mais l’effet fut inverse. Il en voulait encore plus, davantage d’elle. Ses signes de sollicitation de plus en plus imposants la laissaient perplexe. Elle avait de plus en plus la conviction qu’il cachait quelque chose. Malgré tout, sa proposition la troublait au point de se sentir complètement émue et décontenancée. Ses mots résonnaient à ses oreilles comme une douce berceuse où elle imaginait déjà ses fameuses mains parcourir encore et encore chaque centimètre de sa peau sans répit. Elle le visualisait déjà en train d’apposer de ses lèvres sa douceur, avant de la contraindre et la laisser K.O une nouvelle fois. Elle se voyait même en redemander. Elle se projetait ensuite sur lui, ondulant contre son bassin et se laissant partir dans des instants d’oublis, de sensualité et de tendresse qui se manifesteraient à travers un regard, un geste, un sourire. Elle déglutit. Son cerveau s’embrumait dans les effluves de volupté que lui incitait cette nouvelle demande de la part d’Ethan.
— Je… je ne peux pas quitter tout le monde. Simon m’a invité. On ne peut pas les abandonner. Ce serait mal poli et je suis venue pour Simon à la base. Je ne peux pas lui faire ça.
Ethan resta prostré contre son cou et ne broncha pas. Sa réponse anéantissait tout espoir, toute envie. Seules une énorme frustration et cette impression d’être l’éternel incompris demeuraient au fond de lui. Il avait presque envie de pleurer tant la souffrance de ne pas être entendu, de ne pas voir sa requête aboutir lui faisait mal. Il ne demandait rien d’autre que plus de bonheur et la vie le lui refusait à chaque fois qu’il tentait de le toucher. Il savait que s’il oralisait tout ce qu’il avait en tête, Kaya se poserait trop de questions sur son comportement et qu’elle reculerait si elle devinait ses réels sentiments. Il devait encaisser en silence et paraître détaché. Pourtant, seuls les mots pouvaient faire inverser la donne.
— OK, restons un peu…, mais après tu me suis chez moi ? tenta-t-il alors, hésitant, mais toujours insistant.
Kaya lui frotta le dos et se mit à rire légèrement.
— On peut faire ça. On reste pour les douze coups annonçant le Nouvel An, on embrasse tout le monde et après si tu veux, on rentre et je te fais des câlins pour calmer tes angoisses.
Ethan se redressa tout à coup et la fixa. Un petit sourire s’étira sur les lèvres de sa Princesse. Elle accédait toutefois à sa demande. Ils avaient trouvé un compromis, sans dispute, sans hausse de la voix ni coups bas.
— Toute la nuit ? demanda-t-il en confirmation alors qu’il commençait à sourire, ses yeux se teintant d’une lueur nouvelle, pleine d’espièglerie.
— Je pourrais dormir un peu quand même ?
Ethan s’esclaffa et baissa les yeux, heureux de ce qu’il entendait.
— Oui, quand j’aurais eu mon compte. À toi d’être efficace si tu veux dormir rapidement ! Mais je te préviens, je suis difficile à rassasier.
Il écrasa ses lèvres contre les siennes, ne pouvant garder la joie qui l’inondait par tous les pores de sa peau. Il n’avait plus de doutes. Il était amoureux. Il était dévasté pour un non de sa part et complètement en adoration dès qu’elle acceptait ses demandes. Il se savait complètement à sa merci, mais il arrivait à un stade où il s’en foutait. Tant qu’elle lui donnait ce qu’il voulait. Il savait que ce choix de vie n’était pas forcément une bonne idée, qu’il avait déjà fait cela avec sa mère à donner tout sans garanties, prêt à tout pour elle, et qu’il était tombé de haut. Malgré tout, il gardait espoir avec Kaya. Il voulait y croire, parce qu’il n’avait plus d’autres choix que d’accepter ses sentiments. Il ne pouvait plus ni les nier ni les refouler. Son seul salut était de vivre avec et de combler tout ce vide en lui.
Kaya posa ses mains sur les joues d’Ethan et après un baiser appuyé, s’éloigna de lui pour finir de se rhabiller. Ethan la regarda faire, complètement subjugué par ce qui se passait entre eux. Il se sentait léger. Plus rien ne pouvait l’atteindre tant que cette femme resterait près de lui. Il récupéra ses affaires et s’habilla tout en jetant des coups d’œil vers Kaya.
— Arrête de me regarder ! fit-elle un peu confuse, devant son regard curieux.
Elle commença à ramasser tous les dossiers étendus au sol et à ranger le bureau pour effacer toutes preuves de leurs ébats.
— Pourquoi devrais-je arrêter ? demanda-t-il alors, fier.
— Parce que ça m’énerve ! lui répondit-elle sèchement, malgré l’amusement qu’elle tentait de masquer.
Ethan pouffa, sachant très bien que cet argument était le seul argument suffisamment pertinent pour l’inciter à continuer. Il soupira de plaisir et la contempla un peu plus, son sourire malicieux ne se décrochant pas de ses lèvres. Kaya tapa une pile de dossiers contre le bureau, pour montrer son agacement et garder une contenance à son reproche. Elle se rapprocha de lui et l’obligea à tourner la tête en poussant sa joue de la main.
— Regarde ailleurs !
— Pas envie ! fit-il tout en recroisant son regard et sentant son cœur repartir dans une cacophonie qu’il aimait à présent ressentir.
Pinçant ses lèvres dans une grimace agacée, elle l’obligea à se retourner entièrement, puis reprit ses occupations sans être gênée par le regard perçant de son prédateur.
— Kaya, tu peux me bander les yeux si tu veux, mais je resterai toujours tourner vers toi ! lui répondit-il avec un sourire ravi tout en regardant le sol, avant de se retourner et aller la retrouver pour chercher à nouveau ses lèvres.
La jeune femme se sentit partir dans ses bras et ses lèvres chaudes réclamer inlassablement les siennes. Son regard brûlant n’était que le reflet de ses plus profonds désirs et elle ne put le rejeter. Elle passa ses bras autour de son cou et répondit à son envie sans retenue. Ethan appuya sa main contre la nuque de Kaya pour s’assurer qu’elle resterait scotchée à lui, comme les deux morceaux de ce contrat. Il ne voulait rien abandonner. Sa poitrine faisait des bonds de dingue, ses cicatrices étaient en feu, mais ce n’était rien comparé au sang qui coulait dans ses veines comme de la lave en fusion. Il était un volcan prêt à repartir en irruption. Il n’attendait rien d’autre que ressentir cette folie entre eux dès qu’ils couchaient ensemble.
— Kaya… Encore !
Kaya pouffa et recula sa tête pour reprendre un peu d’air.
— Mais que vous arrive-t-il, Monsieur Abberline ? Vous êtes vraiment bizarre, ce soir !
Ethan laissa traîner sa lèvre supérieure le long du menton de sa partenaire dans un grognement. Il savait qu’il se comportait de façon trop engagée, mais il n’arrivait plus à contenir quoi que ce soit. Ses sentiments prenaient le large pour retrouver l’île Kaya sans qu’il puisse arrêter leur course. Ses mains se baladèrent à nouveau sur les courbes de la jeune femme à travers le tissu de ses vêtements, en appuyant plus ou moins fermement sur ses zones érogènes. Kaya lâcha un spasme lorsqu’il agrippa ses fesses et que son bassin alla percuter celui d’Ethan. Ce dernier ne cachait plus son besoin de la voir si lascive.
— Bizarre en quoi ? Parce que j’ai très très très envie de recommencer ? Parce que c’est le moment du SAV ?
Kaya ferma les yeux, se laissant picorer avec plaisir par la bouche insatiable d’Ethan.
— Vous m’inquiétez à ne trouver aucun répit à vos envies.
— Peur de ne pas tenir le choc, Mademoiselle Levy ? demanda-t-il tout en glissant à nouveau sa main sous son chemisier avant de caresser la peau nue de son dos.
Tu ne pouvais pas dire mieux ! Putain, Ethan arrête de me chercher comme ça !
Elle se mit sur la pointe des pieds et écrasa tout son poids sur lui pour tenter de reprendre le dessus sur ses attaques sournoises. Ethan recula de deux pas et se mit à rire entre ses lèvres.
— Monsieur Abberline, j’ai mon hôte qui m’attend, donc vos envies vont devoir rester dans votre boxer et patienter quelques heures !
Elle le quitta aussi sec et attrapa la feuille du code de conduite pour en faire une photocopie dans l’imprimante non loin de là. Ethan se mit à rire devant le challenge qu’elle représentait constamment et sa fâcheuse tendance à le rejeter encore et encore. Il aimait quand elle craquait, il l’aimait aussi quand elle le repoussait. Il l’aimait tout simplement. Il ne pouvait faire autrement. Tout son être aimait cette femme, dans ses qualités comme ses défauts, dans les courbes de son corps comme dans son caractère. Il en était raide dingue et il adorait ça. Il se passa la main sur le visage et finit de se rhabiller. Kaya lui tendit la photocopie du contrat.
— Je préférerais avoir la version originale, s’il te plaît… déclara-t-il en regardant le papier photocopié sans conviction.
Kaya haussa les épaules et lui tendit l’original.
— Pourquoi tu veux garder l’original ? Il est tout scotché et froissé. Il ne ressemble à rien.
— Justement ! fit-il en le pliant et le glissant dans sa poche. Il nous ressemble plus !
Ethan lui sourit une nouvelle fois de façon tendre et enfila ses chaussures avant de se diriger vers la porte. Kaya regarda sa photocopie terne, sans éclat, et sourit à son tour, admettant volontiers que la photocopie n’avait pas autant de piquant que l’original. Ethan lui tendit la main pour l’inviter à franchir la porte.
— On y va ? lui proposa-t-il de façon cavalière.
Kaya hocha la tête et sortit de la pièce en tapant dans sa main. Ethan secoua la tête, amusé toujours un peu plus par sa provocation.
La galanterie, on repassera ! OK !
— Je dois aller aux toilettes ! lui lança-t-elle tout en criant à l’oreille, la musique étant redevenue assourdissante.
La pudeur également !
Ethan se mit à rire, alors que Kaya ne comprit pas ce qu’il y avait de drôle dans sa phrase.
J’ai le droit d’aller pisser quand même !
— Je t’accompagne ! lui lança-t-il, déterminé comme jamais à être le meilleur des cavaliers.
— Je n’ai pas besoin d’un chaperon, merci !
— C’est non négociable ! Toute la nuit avec moi !
— Et pour pisser, tu veux aussi me tenir la main ? argua-t-elle, sidérée.
— Je veux bien enlever ta petite culotte ! lui répondit-il alors, du défi plein les yeux.
Kaya leva les yeux de dépit, puis tourna les talons et fonça faire la queue. Ethan attendit dans un coin, complètement épanoui grâce à ce qu’il vivait ce soir. Il contempla de loin sa princesse en train d’attendre, à regarder tout et n’importe quoi et se demanda comment cette femme arrivait à autant jouer avec ses émotions. Elle l’avait quitté à peine quelques minutes que déjà il ressentait un manque. Elle était toujours dans son champ visuel, mais déjà trop loin de lui à son goût. Il regarda ses chaussures avec angoisse.
T’es vraiment accro, mon gars… Oliver a raison. Qu’est-ce que je vais devenir ?
Lorsque Kaya revint vers lui au bout de dix minutes, Ethan la fixa un moment.
— Un problème ? Il y avait encore une queue de fou, une fois à l’intérieur des toilettes. C’est incroyable, toute cette file d’attente !
Ethan ne lui répondit pas, mais attrapa son visage de ses deux mains et l’embrassa. Un long soupir soulagé sorti de ses narines quand ses lèvres retrouvèrent celles de la jeune femme, comme si sa douce agonie à l’attendre, à rester loin d’elle, prenait enfin fin. Il demanda vite à approfondir ce baiser, voulant soulager à nouveau ce manque évident de contact entre eux en affirmant chaque mouvement comme mouvement libérateur. Il passa ensuite une main contre sa taille, puis la seconde, et serra fort, encore et encore. Kaya se blottit contre lui et lui caressa la joue.
— Monsieur se sent mieux ? lui demanda-t-elle, amusée par son empressement à vouloir toujours rester collé à sa bouche.
— Encore, Kaya… lui fredonna-t-il une nouvelle fois à l’oreille, plus impatient que jamais.
Ses yeux marron ébène vinrent chercher ceux de sa partenaire pour plonger un peu plus profondément dans sa conscience. Kaya resta accrochée à ses deux prunelles sombres et sourit devant ce qu’elle pouvait y lire.
— C’est nouveau, ce mode « amant tendre » que tu as enclenché ce soir et que tu ne lâches pas depuis ? Tu n’en as pas besoin avec moi, tu sais !
Ethan se mordit la lèvre dans un nouveau sourire et déposa un petit baiser innocent. Ça y était, il venait de se faire pincer. Il la regarda un instant, cherchant quelle réponse serait la plus pertinente pour ne pas la fâcher ou la braquer.
— Tu me dis ça pour me faire passer un message ? Parce qu’en fait, tu attends vraiment ce type-là en moi ? C’est ça ? Mmmh… Ça peut se négocier !
— Mais pas du tout ! s’alarma la jeune femme, voyant déjà qu’elle venait de s’enfoncer un peu plus dans ses stratagèmes. Je ne te demande pas de l’être, je constate que tu l’es déjà !
— C’est ça ! Garde tes forces ! Inutile de te justifier, j’ai compris ! Madame veut de la tendresse !
Kaya s’offusqua, voyant une nouvelle fois qu’Ethan avait tiré ses propos à son propre avantage. Elle pesta, agacée de s’être encore fait avoir. Tout semblait si simple alors que tout était pourtant si compliqué. Malgré cela, un sentiment de normalité ne la quittait pas. Comme si finalement, une certaine routine se dégageait de leurs petites querelles et taquineries. Ethan lui attrapa alors la main pour aller retrouver le petit groupe.
— Allons retrouver les autres et danser !
Kaya regarda sa main dans celle de son bourreau cajoleur et sourit.
— Oui, je dois t’épuiser pour pouvoir dormir ce soir !